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Le chagrin d'amour me veut du bien !

  • Photo du rédacteur: gerard gourdon
    gerard gourdon
  • 9 avr. 2020
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 12 avr. 2020




Il est passé par là, elle est passée par là, je suis passé par là et pourtant.... on a survécu et on est toujours là !

Dépendance affective, chagrin d'amour, attachement, deuil d'une relation, la période de la rupture est un temps entre parenthèses qu'il est nécessaire de traverser dans tous ces aspects. Se faire accompagner peut aider à comprendre ce qui se joue à l'intérieur de vous et également vous permettre de vivre ce temps comme un renforcement de vos ressources et de votre capacité d'adaptation. Mais pourquoi est-ce que ça fait si mal ? D'abord il y a plusieurs façons de se retrouver dans le tourment d'une rupture amoureuse. En effet, soit on a provoqué la rupture, soit on la subit, soit c'est d'un commun accord mais dans tous les cas la souffrance s'invite et le mental se met à tourner en boucle. On peut tout à fait souffrir d'avoir dû se séparer de quelqu'un que l'on aime encore, pour se protéger, pour le ou la protéger, pour ses enfants ou parfois même pour une incompatibilité d'orientation professionnelle. Alors cette souffrance ou cette douleur, comment s'organise- t-elle, de quoi se nourrit-elle ? On pense immédiatement au manque et à la perte de ce qui jusque là comblait nos besoins. Mais derrière surgissent également, notre peur de l'abandon, notre crainte de ne pas ou de ne plus être assez aimable, d'être rejeté(e), de n'avoir pas su ou pas pu, avec son cortège de culpabilité de colère et de dévalorisation. Bref la douleur est vive, elle prend à la fois la forme de pensées et d'émotions, avec des expressions dans le mental et dans le corps. Et c'est bien normal puisque c'est ce qui va vous permettre de réagir. Mais un problème plus embusqué est en train d'arriver. Vous savez celui qu'on ne voit pas venir, celui qui nous tire vers le bas, celui que l'on a du mal à expliquer, le "je pensais pas que ce serait si dur" ou le "je vais pas y arriver". Et bien la bonne nouvelle est que cette inflammation de la douleur que l'on appelle la souffrance, nous sommes tout à fait capable d'en faire notre affaire, de la traverser à notre rythme et finalement d'arriver à se redresser (encore plus capable qu'avant).

Imaginez que vous vous blessez à un doigt en vous coupant par exemple. Vous n'êtes pas surpris par la douleur de la coupure et vous n'êtes pas non plus étonné de la confiance que vous avez en vos capacités de cicatrisation et de guérison. Pour faire simple, ça nous fait mal, mais nous avons la croyance que nous sommes capables de survivre à cet accident et que c'est bien là notre façon de nous adapter à chaque situation aussi imprévisible soit-elle. Que fait le mental pour nous rendre la chose si tolérable ? Il ne fabrique pas de scénario catastrophe pour le futur. Le film que vous voyez défiler sur la face intérieure du front, dans votre salle de cinéma privée, c'est le film de votre doigt qui a retrouvé sa mobilité d'origine, c'est vous en un peu plus vigilant lorsque vous manipulez un couteau, et c'est encore vous avec la réassurance du bon fonctionnement de votre métabolisme, en bref... c'est vous en mieux ! On a eu mal mais on n'a pas souffert, on s'est redressé et on a gagné au passage un peu plus de confiance et de croyances positives. Finalement, il n'y a même pas de projection sur le futur, car notre inconscient sait que ça va bien se passer, et il est donc inutile d'allumer tous ces voyants qui clignotent rouge. Le mot est lâché : pro-jec-tion ! Krishnamurti évoquait la souffrance et disait " Pour l'homme, inventer un futur est le jeu favori de ses évasions". ça à l'air sympathique comme ça, mais c'est bien là l'origine de notre souffrance. Dans le cas d'une rupture amoureuse ou d'un chagrin d'amour, nous voilà particulièrement gâtés. Vous êtes sous le feu croisé de 2 types de futurs inventés, de 2 formes d'illusion. Tout d'abord l'illusion du futur que l'on aurait pu avoir avec la personne. Cela comprend les projets non réalisés, les projets parfois même non encore verbalisés ou les rêves que l'on peut entretenir sur ce qu'aurait pu être cet avenir à deux. Ce futur nous manque déjà, même s'il n'a jamais existé ! Et puis il y a la peur d'un autre futur, de notre propre futur, celui dans lequel tout est hyper alarmant, où on finit seul(e), où on devient incapable d'amour, dans lequel le coeur se flétrit et notre environnement tout entier se détourne à jamais de notre personne. Ce futur nous fait déjà peur alors qu'il n'a pas de réalité, puisqu'il appartient au futur justement. Nous allons alors subir nos pensées qui passent successivement d'un manque à une peur, d'une peur à un manque, du manque d'un futur à deux tout à fait illusoire, à la peur d'un futur personnel scénario catastrophe tout aussi illusoire. Comme la pensée se trouve toujours dans le passé ou dans le futur, nous évoluons partout et en même temps sauf dans le présent. Et c'est seulement dans le présent, dans l'instant que l'on est en train de vivre, que l'on peut observer ce qui se passe vraiment, la douleur mais aussi la réaction du corps, la force de rester en présence de cette douleur et les ressources capables de la traiter et de finalement la dépasser. Précieux temps du silence, de la solitude temporaire, du retour vers soi même, de l'observation pour qu'enfin nous retrouvions cette sensation intérieure de la vie qui se déverse en nous, de cette vie qui coule dans nos veines et qui finira bien par cicatriser et guérir notre doigt blessé.

 
 
 

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